# Assumer la nécessité de faire des pauses cérébrales

« Fika » est un mot suédois pour désigner le temps passé entre amis, entre collègues ou en famille autour d’un café et généralement d’une pâtisserie.
Apparut au XXe siècle, il s’agit d’un des seuls mots en « verlan » de la langue suédoise (Kaffe = Kaffi = Fika). Vous vous direz peut-être qu’il s’agit d’un acte anodin, mais tellement vital à l’entreprise. Le fika est une façon de mettre notre cerveau en pause et de se retrouver pour parler de travail de façon moins formelle, sans pression. Lorsque l’on s’accorde un temps pour soi, notre cerveau continue de travailler à la résolution du problème, mais de façon plus globale que lorsque l’on s’inflige une obligation de résultat dans un temps donné. En invitant nos collègues à notre réflexion, on est plus créatif que seul face à un écran et encore davantage que dans une salle de réunion, où l’on nous oblige à brainstormer (« vous avez une heure »). En Suède, le fika se prend le matin vers 9h30-10h et/ou l’après-midi sur les coups de 15h ; deux moments attendus de prise de recul vis-à-vis des tâches en cours et de vraies interactions humaines.

# Un moyen de favoriser le capital social en entreprise

Le fika capitalise sur l’humain pour aller plus loin. Il est une façon de faire émerger le capital social en entreprise. Margaret Heffernan, entrepreneuse, cheffe d’entreprise et auteure reconnue par le Financial Times, explique le capital social comme une manière de générer une dynamique de groupe autour d’un sentiment d’appartenance à quelque chose de commun. Lors d’un fika, on parle en confiance, on échange nos savoirs et nos normes. On débat et on assume nos points de vue, mêmes si différents de la majorité (et pourvu qu’ils le soient !) et cela ne peut qu’être source de créativité. Au sein de sa première société d’informatique, M. Heffernan a proposé de dédier les vendredis après-midi à des rassemblements dans lesquels chacun était invité à prendre la parole au sujet de leurs projets, de leur parcours et de tout ce qui leur tenait à cœur. Résultat ? Des relations plus directes se sont créées dans l’entreprise, ils discutaient des problèmes internes sans tabous, permettant non seulement de renforcer les liens entre chacun, mais aussi et surtout, à l’entreprise d’être plus productive.

# Une variante de notre pause-café ?

A travers le monde, des alternatives du fika existent – le tea time en Angleterre, la pause-café (clope) en France, le karaoké au Japon, la merienda en Espagne – mais elles ne sont pas considérées comme un moment où l’échange des idées peut faire avancer l’entreprise. Alors, comment mettre à profit ce lifestyle suédois dans nos semaines de travail ?
Des recherches scientifiques, utilisées par de plus en plus de consultants en management, donnent des combinaisons pour maximiser les temps de pause : la méthode « pomodoro », propose de prendre 5 minutes de pauses toutes les 25 minutes de concentration.
Il est également conseillé de prendre 20 minutes de pauses toutes les 90 minutes de travail. Forbes, préconise un cycle de 52 minutes de travail pour 15 minutes de pause.
L’idée étant de se retrouver dans un lieu cosy, autour d’une boisson réconfortante pour aborder des sujets de façon réciproque. Nos journées de travail n’en seront que plus agréables et efficaces.

Exemples :

Speech : Découvrez le TED talk de Margaret Heffernan en 2015 « Why it’s time to forget the pecking order at work ? » (Pourquoi est-il temps d’oublier l’ordre hiérarchique ?). Elle compare notamment nos modèles de directions à celui des « super-poules »…

Web-série : « Fika : To Have Coffee » est une websérie de 6 épisodes de 4 à 6 minutes lancée en 2016 par l’institut suédois sur Youtube. Raconté par des résidents, on y découvre avec curiosité et intérêt tout l’art du fika.

Business : parmi les règles de conduite d’IKEA, le fika a un paragraphe à lui tout seul : « plus qu’une pause-café, fika est un moment pour partager, échanger et se détendre entre collègues. Quelques-unes des meilleures idées et décisions ont émergé pendant un fika ». Apprenez-en plus sur l’ADN de ce géant du design suédois.