@balancetonagency : le compte Instagram qui secoue le monde de la publicité

22 octobre 2020 - Carré Frais #204

@balancetonagency : le compte Instagram qui secoue le monde de la publicité

#Rappel du contexte

Le monde de la publicité est en train de vivre une révolution dans la continuité du #Metoo.

Le mercredi 14 octobre, le magazine Stratégies révélait en exclusivité la démission de Laurent Habib, président fondateur de l’agence Babel et président de l’AACC. Julien Casiro, le fondateur de Braaxe, quant à lui, ne se rend plus à son agence depuis fin septembre, le temps qu’une enquête soit menée en interne.

La cause de ces deux événements : le compte Instagram @balancetonagency (1).

Lancé le 22 septembre, @balancetonagency dénonce les abus dans les agences de publicité françaises. De nombreux témoignages anonymes y sont rassemblés et y racontent des actes sexistes, misogynes et dégradants à l’encontre de collaborateurs, mais surtout de collaboratrices.

De grandes agences de communication y sont pointées du doigt comme Havas, Publicis, Marcel, Les Gros Mots, Buzzman, Ogilvy, Babel et Braaxe.

 

#Une force de frappe assez impressionnante

@balancetonagency a bénéficié d’une vague de visibilité très soudaine et enregistre actuellement plus de 29 000 abonnés, cela en moins d’un mois.

Ce chiffre est une force pour la page, lui offrant ainsi une visibilité et une notoriété assez conséquentes pour dénoncer ces actes et se faire entendre. La preuve en est avec le retrait volontaire de Laurent Habib et Julien Casiro.

L’ancien président de l’AACC s’est d’ailleurs exprimé dans un article du quotidien Les Échos : « J’ai préféré partir pour préserver ma dignité et préserver ma liberté de parole. Il m’a été reproché des choses qui sont vraies, même si elles datent et relèvent de la blague lourde. Je demande pardon aux femmes que j’ai pu gêner ou blesser. Mais on est à l’évidence dans des situations qui ne relèvent pas du juridique, mais de la morale et de la réprobation. »

Julie Camille, fondatrice du compte, explique dans une interview donnée à aufeminin, les raisons derrière la création de @balancetonagency.

Des expériences de harcèlement, un burnout et la recherche d’un nouveau travail en agence l’ont confronté à la réalité d’un milieu « pourri de l’intérieur ». Elle avait déjà eu de mauvais échos dans de nombreuses grandes agences. C’est un matin qu’elle a fini par créer ce compte, pour dénoncer ces actions.

Cependant les accusations délivrées sont loin de convaincre tout le monde.

De nombreuses personnes réagissent en commentaires des posts, ou directement sur Twitter (2), pour dénoncer la méthode « balancetonagency ». Ils parlent d’accusations sans preuve et sans fondement, de possibles fausses accusations ou inventions, et de répercussions malheureuses sur la structure entière d’une agence, plutôt que sur le/la responsable.

Christelle Delarue, fondatrice du mouvement Les Lionnes, l’association de défense des femmes dans la publicité, a également pris parti dans le débat. « #balancetonagency » signale les problèmes, mais ne fait pas tout le travail de transformation, d’explication sur le parcours de la plaignante et de réparation morale nécessaire. En revanche, les violences de #balancetonagency constituent une étape importante dans la libération de l’industrie. Depuis 2018, les témoignages n’ont cessé de s’additionner et nous avons deux cents personnes issues de cinquante agences qui pourraient porter plainte aujourd’hui. ».

Les Lionnes soutiennent le compte Instagram, mais émettent des réserves concernant la forme que cela prend. L’association a également ouvert une enquête « selon leurs procédures habituelles ».

 

Exemples :

(1) Exemples de posts @balancetonagency

          

(2) Exemples de réactions sur twitter

 

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